«
Parfois, je me demande comment tu en es arrivée là, Philoée. » Comment j'en suis arrivée à
ça ? Comment j'en suis arrivée à me dévorer moi-même ? Parce qu'il n'y a pas de chose plus infecte que ma personne et seule moi suis digne de me détruire. Tout le monde empiète déjà mon amour propre, ma confiance en moi, ma dignité, ma fierté. Laissez-moi au moins cela. Laissez moi au moins me ronger jusqu'à l'os. Laissez moi mourir. Ce sera mon seul mérite. Ma seule gloire.
***
Aujourd'hui, lorsque je regarde en arrière, je ne vois rien. Aucune fantaisie, aucune couleur. Je ne retire rien de mon passé, parce qu'il n'y a rien à en tirer. Élevée comme une moldue, bien qu'entourée en permanence par la magie, est l'héritage de mon ancêtre,
Cho Chang, celle qui a renoncé à la sorcellerie pour vivre son idylle avec un Moldu. Celle qui enfantera le sorcier qui retracera toute notre vie. Effrayé de perdre ses origines, il avait travaillé d'arrache-pied pour se construire une réputation, pour redorer le blason de la famille Chang, sans l'accord de sa mère. C'est aujourd'hui uniquement grâce à lui que nous avons une place importante dans le Quidditch. Certes, nous faisons toujours autant preuve de discrétion quant à notre vie familiale, mais nous avons cette renommée. La seule. Être dans les airs ne jamais posé un réel souci, partagé quelque chose avec ma famille non plus, mais pour moi, cela ne restait qu'un plaisir. Le Quiddditch ne m'a jamais évoqué davantage qu'une seule passion. Rien de plus.
Et si nous commencions par le début ? Par le préambule de ma vie, la surprise générale de ma naissance lorsqu'ils sont découvert que j'étais de type européenne, l'une des rares de la famille Chang. Leur étonnement fut bien plus prononcé lorsqu'ils prirent conscience que la couleur de mes yeux n'était pas une simple couleur de nourrisson, mais celle qui accompagnerait ma vie. J'étais déjà indéniablement différente. Je me démarquais de mes frères, de ma mère, asiatique. Déjà, je voulais faire l'étalage de mon indifférence et mon déni des choses habituelles. Petite, je me suis essayée à tout, profitant de cette culture moldue, mais c'est pourtant sur l'équitation, le sport culturel des anglais que mon amour s'est portée. Je me suis tout de suite éprise de l'univers des équidés, de la brise qui caresse votre joue alors que le cheval galope, de cette sensation grisante d'être libre, d'être seule au monde. Émue par le profond désir de faire comme tous, je m'étais inscrite à un club et me suis rapidement amourachée d'un cheval dont la robe oscillait entre le blanc et le gris. Son nom était Damoclès. Un cheval rapide, obéissant, attendrissant pour lequel j'étais prête à tout Il était le seul sur lequel je montais. Ma monitrice m'avait d'ailleurs un jour avoué que j'étais l'une des rares à réussir à le monter car il se révélait être un cheval très capricieux et cela ne me rendit que plus fière, plus heureuse.
La belle époque...Au contraire de dizaine d'autres enfants, aller à Poudlard me brisa le coeur. Parce que cela signifiait l'arrêt de mes leçons, l'arrêt de ma source journalière de bonheur. Ma mère me rassura à plusieurs reprises à ce sujet, comme quoi je pourrai reprendre à Noël et durant les vacances. perplexe, déçue, je suis montée dans le train et ma vie de collégienne a débuté.
***
Il avait hésité. Pour moi, cela m'avait paru durer des heures alors qu'en vérité, cela ne pris à peine que quelques secondes.
Griffondor ou Poufsouffle ? J'avais le courage, la force de me jamais laisser marcher dessus. Mais voilà, il m'a soufflé des remarques sibyllines, annonciatrices de grandes péripéties et avait crié Poufsouffle. Non pas que cela soit un échec, les membres de ma famille se répartissait entre les trois maisons les plus à gauche. Aussi loin que je me souvienne, personne n'est allée à Serpentard. Par la suite, je suis devenue une élève moyenne, peu travailleuse aussi, je passais clairement plus mon temps à rêvasser. J'avais des amies, j'avais eu des amours, mais cela relève de l'enfance. Ils sont trop insignifiants pour que les souvenirs vaillent la peine d'être relevés. Les amitiés se liaient et se déliaient tout aussi rapidement. je me suis découverte rapidement un caractère rancunier, n'acceptant pas le pardon. Aucun pardon n'était jamais possible. Durant les vacances, celles où je pouvais revenir à la maison, j'allais voir Damocles, enchantée, ébranlée à chaque nouveau départ. Ce fut à ma seconde année que l'illusion de bonheur, celle que l'on croit tous avoir, mais qui n'est pourtant qu'un voile qui nous assure aucunement la sécurité, se dissipa. Je fis l'affreuse découverte à l'aube de ma troisième année que l'écurie avait fermé pendant mon absence. Que tous étaient partis. Que Damocles avait été racheté et amené dans un lieu inconnu. Ce fut la chute. L'anéantissement de 4 ans d'ataraxie.
Je n'ai jamais repris l'équitation. Oh si ! J'ai bien essayé une ou deux fois, mais en vain. Damocles n'était plus là. Damocles était partit. Et à l'âge que j'ai aujourd'hui, je suis convaincue de ne jamais avoir pu lui faire mes adieux. Son départ fut la raison de mon abattement. La vie n'eut plus la même saveur, mais je su faire avec. J'avais encore les cours, la magie, l'extase de pouvoir observer toute cette sorcellerie que je pouvais créer. Alors j'ai placé ce souvenir dans un coin de mon esprit, et j'ai avancé.
Non sans regrets. En quatrième année, j'ai fais la rencontre d'un sixième année, qui était à Griffondor. Le courant est tout de suite passé. On passait le plus clair de notre temps ensembles, à discuter, à rire ensembles. La différence d'âge ne nous dérangeait nullement, nous étions biens. Il était là pour moi, toujours. Ou presque.
Il ne pouvait pas me suivre partout. Mon honnêteté de l'époque, ma "grande gueule" diront d'autres, m'a valu certains soucis, certains ennemis. Je n'étais pas le modèle de fille qui plaisait. Non, j'étais de ceux qui avaient son avis propre, qui n'avait aucune honte à l'exprimer.
Le bruit que fit la claque sur ma joue avait retentit dans toute la salle commune. Le silence s'était appesantie quelques instants plus tôt, seulement dérangé par la fille qui se faisait face. Par l'antagoniste. Les autres restaient stoïques.
Mes amis restaient silencieux, alors que ses cris montaient de plusieurs octaves. Ce n'est que lorsqu'elle s'apprêtait à me gifler une seconde fois que quelqu'un l'arrêta.
Cependant, le mal était déjà fait. Alors même que plusieurs heures étaient passés, tous mes amis firent comme si la scène n'avait pas eu lieu, tout comme le lendemain, le surlendemain. La fille qui m'avait battue était une fille populaire, jolie, celle dont on prend toujours la défense, quoiqu'il arrive.
C'est ce qu'il est arrivé. Cet évènement peut vous paraître banale, mais c'est celui qui a sonner le glas, celui qui a signalé la fin d'une première période de vie. Ce ne fut plus une chute qui m'attendait, car lorsque l'on chute, on s'attend à rencontrer le sol au bout d'un moment. Non, pour moi, ce fut une décadence sans fin. Celui qui m'avait démoli. Celui qui me façonner de nouveau.
Plus sombre. Plus détruite. Dès lors, je n'ai accordé ma confiance qu'à de rares personnes. Pour que l'évènement se répète de nouveau.
A la fin de mon année, cela signifiait que
mon Griffondor était sur le départ. Je n'avais moi-même pris conscience de mes réels sentiments à son égard qu'un mois auparavant, alors qu'il me prenait pour la première fois dans ses bras. Sa petite amie française était connue de tous, dans le sens où tout le monde savait qu'il était en couple avec une fille de l'école de Beauxbatons. Mais cela n'a en rien empêché notre relation d'être ambiguë. De nous séparer sur une étreinte, celle dans laquelle nous désirons rester enfermé.
Sans jamais lui avoir dit que je l'aimais. Qu'il était mon premier amour. Le modèle pour tous les autres.
Je pense que c'est cet amour non-avoué qui m'a toujours donné de l'espoir, l'espoir que cela pourrait commencer un jour, peut-être. Mais nous savions, nous savions que nous ne nous verrions que trop rarement et nous ne voulions pas. deux mois plus tard, la lettre d'adieu est arrivé. Sobre, amicale. Sans révélation. Sans confidence.
A ma cinquième année, j'ai fait l'indifférente avec tous ceux qui avaient un jour portait le nom
d'amis. Il me rappelait trop ce que j'étais devenu. Il me rappelait trop la violence du coup. Les revoir ravivait sans cesse le sentiment d'abandon qui avait pris place dans ma poitrine, le sentiment que nous sommes toujours seuls. Personne ne vient nous aider. Jamais. Je me suis rapidement liée d'amitié avec un autre groupe de fille,plus proche de l'une d'elle. Celle que tu n'atteignais jamais. Qui resté toujours inaccessible. Ma première relation débuta également cette même année. Un garçon transi d'amour, avec de l'humour, passionné. Un Poufsouffle aussi.
Cela s'est mal terminé.
Non pas sans épreuves, sans accidents.
Mais cela ne se passa que deux ans plus tard. Entre temps, trop de choses se sont passés. J'avais encore accordé ma confiance et on m'avait enfoncé un poignard dans le dos. On voulait prouver que j'étais une fille rongée par la jalousie grâce à l'aide d'une fille qui devait me demander des conseils en amour. Cela n'a jamais fonctionné. Je lui ai toujours donner de bon coeur, ravie de pouvoir lui être utile. Alors le jour où les voix se sont élevés, les cris ont commencés à éclater, c'était comme tout revivre une seconde fois. Hormis le fait que la claque fut psychologique. L'une des filles, celle avec qui je pensais bien m'entendre, cru bon de me révéler mes quatre vérités, de m'avouer la manière dont elle me percevait. Sans gêne. Sans honte pour tout ceux qui nous entourait. Une seconde fit la même chose. Avant de me prendre dans ses bras. Le comble de l'hypocrisie. Et cela simplement pour le fait que, heureuse, je parlais souvent de mon petit ami, en donnant l'impression de me vanter.
Je ne su jamais si elle fut ravie d'apprendre que je l'avais quitté. Que j'avais brisé son coeur en admettant que je ne pensais pas avoir eu de sentiments amoureux pour lui.
En deux ans.Le reste de mes années à Poudlard fut perturbé par d'autres choses ainsi, notamment par des crises de jalousie, de ma part, lorsque je découvrais qu'une amie s'éloignait de moi. Une autre lorsqu'elle m'avouait qu'elle avait été en couple avec une amie. Sas rien me dire, alors que je lui avais demandé que si une telle chose arrivée, elle ne devait pas avoir peur de venir me voir. J'ai horreur d'être prise pour une idiote. Mais je lui ai pardonné. J'adorais cette fille. Je l'aimais. Elle représentait tut à mes yeux.
J'avais eu mes buses avec difficultés, me tournant vers les langues, l'histoire et les animaux. Les Aspics ne furent guère mieux.
***
Désabusé par le monde sorcier, je me suis retrait dans celui des Moldu. Continuant mes études parmi eux, apprenant de nouvelles langues à leur côté. Mon désir de métier était d'être interprète. Mon rêve était d'être écrivain. Un métier qui ne te met pas d'argent dans le porte monnaie.
Je n'ai jamais réellement quitté le monde sorcier. J'ai continué d'employé ma magie. Ma peine aurait été trop vive si j'avais pris conscience un matin que je ressemblais à un moldu. Que j'étais simplement un Cracmol. J'allais voir souvent mes parents, me sentant davantage plus proches d'eux que de mes amis, bien que je gardais contact avec certains. Au lieu de cela, au lieu de vivre comme tout sorcier, je voyageais. J'avais de petits boulots, rien de bien glorieux. La vie était devenue amère. La solitude pesait sur mes épaules. A 28 ans, le coeur vide et sans entrain, je suis revenue vivre chez mes parents, interrompant mes voyages et ma vie de vagabond. J'ai assisté avec indifférence à la montée de Nott au pouvoir. Qu'est-ce que cela pouvait faire ? J'avais bien une opinion sur le sujet, mais personne pour lui donner de l'importance. Oui, je n'avais pas confiance. Oui, je n'étais pas d'accord. Mais c'est comme la faim dans le monde, comme la guerre, comme la maladie, on n'y peut rien. Les imbécile existent partout, on ne peut pas faire comme s'ils n'existaient pas. Il fallait de ses phases dans chaque monde. Nous avions eu celle de l'apogée, celle de la paix. Mais la paix ne règne jamais bien longtemps. Elle est sans cesse confrontée à la guerre.
Et la guerre est souvent plus imposante.