« Maman, est-ce qu’on peut lire encore une fois ton journal sur le garçon ? »La femme se contenta de répondre avec un hochement de tête et un léger sourire, à peine dessiné. Elle prit le plus jeune des enfants sur ses genoux et, parcourant les regards de ses filles et garçons, elle ouvrit lentement la bouche, aspirant rapidement une bouffé d'air, l'air hautain. D'une voix vive elle demanda à ce qu'on lui donne ses lunettes qu'elle posa doucement au-dessus de son nez et, son journal à la main, elle balbutia le début du récit avant de se corriger d'un léger toussotement.
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1er Septembre 2173, Poudlard.Je l'ai rencontré pour la première fois il y a, déjà plusieurs décennies, à la rentrée de Poudlard. Il venait tout juste d'arriver dans notre monde, un peu perdu. Je ne faisais pas très attention à lui à ce moment-là. Nous n'étions que des élèves venant d'arriver, sans la moindre différence ou distinction. Juste avant d'arriver à la cérémonie et la répartition des élèves, une dispute entre deux élèves éclata. L'un n'arrivait pas à supporter l'air supérieur de l’autre et, c'est avec force qu'il décida de le remettre à sa place, bien qu'il ne sache pas à qui il avait à faire. Cette candeur dans son regard m'avait tout de suite intrigué. Les professeurs eurent quelques difficultés à les séparer et, je ne pouvais que sourire devant tant de stupidité.
Par la suite, je fis mes premiers pas dans la Grande Salle, éclairée par des centaines de bougies et un sombre ciel nuageux magique aux nuances bleutés, nos ainés nous attendaient déjà, certains ne faisaient pas attention et continuer de dévorer leur plat, d'autres nous surveillaient du regard. Je ne savais pas d'ailleurs, que votre père me dévorait déjà des yeux avant qu'il ne me le dise bien des années plus tard.
Après un discours du Directeur, nous étions appelés un par un pour être répertorié dans nos maisons respectives. J'ai étais la première. On posa délicatement le choixpeau sur ma tête et, il chuchota doucement à mon oreille, dans mes pensées j'étais bien curieuse de savoir dans quelle maison je serais jusqu'à la fin de mes études. C'est bien sans tarder que je l'apprenne lorsqu'il déclara d'une voix vive :
« Gryffondor ! »Un sourire se dessina sur mon visage et j’accouru rejoindre mes semblables. Les élèves passaient l’un après l’autre et, j’attendais avec impatience en dévorant un toast, le tour du garçon. Ce n’est qu’après avoir dévoré plusieurs tranches que son tour arriva, curieuse je posai mon déjeuner sur l’assiette est observa, attentive. Le choixpeau semblait hésitant, il prenait son temps, se demandant si le garçon devrait allez à Serpentard ou bien Gryffondor. C’est les désirs du garçon qui trancha. Il rejoignit notre table, s’asseyant à côté de moi. Sans hésiter je me présentai et lui, espiègle et maladroit, eut quelques secondes de silence avant de répondre à mon sourire :
« Je m’appelle Graham. ».
Nous étions devenus amis.
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25 Décembre 2177, Poudlard. Par quoi commencer ? Il s'est passé tellement de choses en cinq-six années. Peu après la répartition à nos maisons respectives, le préfet nous avait fait visiter les lieux pour finir dans la salle commune de Gryffondor. Le jour suivant en cours de sortilège, j'étais curieuse sur la raison de l'excitation et l'intérêt énorme que Graham consacrait à la magie, c'est là qu'il me révéla ses origines moldus. Il ria de ma surprise, en effet, j'étais étonné car, à la vue de son aisance à la sorcellerie j'aurais imaginé qu'il venait d'une bonne famille. Bien que ses manières soient à retravailler.
Pendant la pause-déjeuner je voulais en savoir plus sur ses origines. Il me parlait de son monde et du métier de ses parents, de sa vie dans une culture si différente, son père est un opticien assez connu et sa mère une enseignante d'histoire moldu. Je le trouvais fascinant et, plus je passais du temps à ses côtés, plus je me rendais compte du poids de sa présence dans ma vie. Les jours et les mois passèrent et j'étais plus encore, captive de ses charmes. Mais, apeurée par le regard des autres, je décidai de prendre mes distances à la fin de notre quatrième année. Je n'avais alors que quinze ans.
Je ne savais pas qu'il était persécuté par des sang-purs de Serpentard. A chaque fois qu'il venait à ma rencontre, il paraissait si brillant, si souriant et plein d'entrain. Qui aurait deviné que derrière un sourire si ensoleillé se cachait une lune solitaire.
La cinquième année, je restais distante, trouvant des excuses quelconques pour ne pas allez à sa rencontre et, peu à peu, il ne venait plus. A chaque cours je l'observais du coin de l'oeil, travaillant ardemment comme à son habitude. J'étais tellement absorbée par l'observer que bien malgré moi, je me suis mise à l'espionner. C'est là que je l'ai vue, martyriser par des Serpentards. Je ne pouvais que sauter sur scène et venir à son aide, pour pousser ces brutes à la fuite. Et sans attendre, je le pris dans mes bras, la voix tremblante :
« Pourquoi tu te laisses faire ? Je sais que tu es plus que capable de te défendre; il me serra à son tour dans ses bras et répondit
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Si je les mets à terre, plus personne ne croira en nous, les sang-de-bourbes. »
Muette, je le serrais encore plus fort contre moi. Quelques larmes essayaient de se frayer un chemin hors de mes yeux mais, je leur fis barrage de toutes mes forces.
Après ça, les rôles s'inversèrent. Il cherchait à m'éviter et moi à l'approcher mais, je savais que l'année allait se terminer dans un silence de mort.Je décidai de donner mon maximum dans les épreuves afin d'oublier la douleur qui lancinait dans mon coeur.
Je passai mes BUSEs passivement, avec deux échecs et des efforts exceptionnels par là et des acceptables par-ci. Mais, les résultats de Graham dépassèrent toutes les attentes, il passa ses neufs BUSEs sur neufs avec Optimal en Défense contre les Forces du Mal et Sortilèges, les sept autres avaient Effort Exceptionnel. C'est en le regardant se faire féliciter par ses camarades et professeurs que je comprenais avec douleur que nous ne vivions pas dans le même monde. La fin de l’année passa très vite et je quittais Poudlard sans dire un mot de plus à Graham, juste un au revoir légèrement hypocrite.
L'Eté et la rentrée passa aussi vite que l'éternité, je me languissais de sa présence et pourtant je n'osais pas lui écrire ou l'approcher. Je l'observais de nouveau à une distance de sûreté, toujours inquiète pour lui. Des dizaines de questions se promenaient dans mes pensées et pourtant, je restais plantée dans mon coin, lâche.
Il m'a fallu recevoir son cadeau, en ce jour de Noël, une rose ensorcelée soigneusement placé dans une urne de verre. Les larmes que je retenais depuis si longtemps se mirent à couler. J'étais si honteuse à côté de lui qui est si brave.
Il voulait me faire comprendre que nous étions toujours amis.
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08 Janvier 2196, Ministère de la Magie.Des décennies passèrent depuis la dernière fois que je vis le Graham que je connaissais. Nous nous sommes dit adieu sur le quai 9 ¾. Il partait rejoindre ses parents leur annoncer la nouvelle et moi, j'allais faire de même. Je ne vis que son dos, avançant de l'avant avec ses bagages et, petit à petit disparaissait de mon champ de vision.
Quelques années après je devins journaliste, j'étais épanouie, vivant une vie passionnante. J'appris grâce à mon métier d'information que Graham était devenu un Auror à succès malgré le malheur qui s'était passé deux ans après notre départ de Poudlard. En effet, il semblerait que ses parents aient étaient assassinés, bien que les détails de l'enquête restent flous. Il semblerait que cela le toucha énormément et comme d'habitude, je n'avais pas le courage nécessaire pour le rencontrer de nouveau. Mais, il se remit sur pied, comme je le connais, à toujours vouloir se prouver et braver l'impossible. Téméraire ou intrépide, je ne saurais faire la différence. Il fit de nouveau parler de lui quelques années plus tard en arrêtant un mage noir très recherché qui passait son temps à se faufiler à travers les filets de ses collègues. Ses exploits me poussaient à travailler autant de mon côté.
Je travaillais à ne plus voir le temps passer, je ne comptais plus les jours, les mois ou les années, je croquais le présent comme une pomme. Puis le temps passait, les amours naissaient. Je me suis épris d'un collègue de travail et ensemble avons formé une famille, malgré quelques rumeurs macabres d'un futur à venir.
Bien que Graham fût sorti de mes pensées, il revint comme une douce brise caressant mon visage. Il venait tout juste d'acquérir le poste de Directeur du Bureau des Aurors, pour tous vous dire, je n'étais pas très surprise. Sur ce, je voulais écrire un article sur sa vie passionnante et je commençai à fouiller un peu partout tout ce que l'on pouvait dire sur lui. Que ce soit rumeurs ou mensonges, je restais très intéressé de voir le point de vue d'autrui, faisant même passer un sondage. La majorité de ceux qui sont outré de le voir prendre ce poste viennent de haute famille et compagnie. Je dois dire qu'il n'y a rien d'étonnant là-dessus. J'ai aussi entendu une rumeur qui raconte que Graham ait rejoint un camp d'extrémiste, l'Ordre des Phénix, auparavant légendaire pour avoir été fondé par Albus Dumbledore et accueilli de nombreuses légendes comme Harry Potter, décédé le 25 aout 2048.
Mon rédacteur en chef, se trouva intéressé par mon travail et me demanda d'interviewer mon premier grand amour. Je répondis positivement, plus par curiosité plutôt que par le désir de le revoir. En faisant un tour dans mon journal pour organiser mon emploi du temps, je remarquai que son anniversaire approchait à grands pas et, décida d'aller à sa rencontre ce jour-là. Je décidai d'y allez armer de la rose qu'il m'avait offert à Noël pour lui offrir en retour.
Je m'attardais devant chez lui, hésitante à frapper à la porte. Et comme un coup de pied aux fesses du Destin, une femme arriva à son tour et frappa à la porte. Mon coeur battait rapidement et fortement, je voyais la porte s'ouvrir lentement, me demandant si ce n'était pas moi qui voulais que le temps se fige ou bien Graham qui savait que j'étais là et voulait jouer avec mes nerfs. Il semblerait que c'était le cas lorsqu'il me fit signe d'entrer le sourire aux lèvres.
La discussion se passa avec douceur, bien que je pus remarquer le changement en lui, comme une noirceur tenue en veille par la femme qui se révélait être sa fiancée. Je ne pouvais que sourire malgré un léger pincement de coeur, je ne saurais dire si j'étais émue par le fait de le revoir ou bien par jalousie mais, je n'avais pas le coeur à l'interroger, surtout le jour de son anniversaire. J'attrapai l'urne de verre et le tandis vers lui.
« Joyeux anniversaire, Graham. »